La Ausencia
de Jorge Sistos Moreno
L’émancipation féminine est également au coeur de La Ausencia qui conte dans le Mexique du 18e siècle la lutte d’Elena, jeune épouse atteinte d’une syphilis contractée auprès de son mari, depuis absent. Elle parvient à endiguer la maladie avec l’aide précieuse de sa bonne Teresa, qui la soigne grâce à la médecine indigène. Quand son époux réapparaît soudainement, Elena doit affronter la violence patriarcale et l’inquisition religieuse d’une société qui voit en elle une sorcière.
Plus que celle d’un mari disparu, l’Absence du titre (Ausencia) renvoie à l’invisible, à ce qui est caché. La maladie, d’abord dissimulée et qui infiltre le corps, l’héritage primitif indigène écrasé par le catholicisme colonisateur, la puissance féminine étouffée par les hommes. Pour révéler ces puissances sourdes, Jorge emploie toutes les potentialités du cinéma de genre qui lui permettent de mélanger le romanesque du film d’époque à l’acuité politique d’un discours féministe et postcolonial. Son cinéma devient un lieu de syncrétisme à l’image de la Vierge de Guadalupe que prie Elena tout au long du film : une figure mélangée, impure, et d’autant plus flamboyante.