Belo Odelo / Le Costume blanc
de Lazar Ristovski
Alors qu'il parcourt paisiblement les bois à bicyclette, l'adjudant chef Savo Tiodorovic est rappelé d'urgence à la caserne pour y trouver un télégramme de son frère jumeau qui lui annonce la mort de leur mère. Le temps de prendre avec lui le costume blanc, incongru en la circonstance, que le frère a exigé qu'il apporte, le voici dans le train à vapeur qui doit le conduire à son lointain village natal. Un premier arrêt lui permet de faire la connaissance de Carmen, prostituée russe blonde comme les blés qui échapperait volontiers à la tutelle de son protecteur, par ailleurs soupirant jaloux et impuissant. Entre les deux, une idylie naît, ou plutôt pourrait naître si Savo n'était prisonnier des circonstances et Carmen partagée entre ces deux hommes dont elle n'admet pas l'égoïsme, seul le sien ayant droit de cité. Des arrêts, il y en aura d’autres, transformant progressivement ce train en microcosme picaresque avec pope et ivrognes, bidasses et filles de joie, reflet d'un pays où l'on chante et l'on pleure, où l'on aime et où l'on se tue, au nom de la passion, le tout conduisant, après moult péripéties et rebondissements, à une fin inattendue qui n'en est peut- être pas une, fusion ultime du réel et du surréel.