Portrait du réalisateur Janus Metz

Par Léo Soesanto

La Semaine de la Critique n’avait jamais accueilli de documentaire depuis qu’elle était devenue compétitive en 1990. Avec sa force cinématographique, sa manière particulière de mettre en équation réel et fiction, ARMADILLO trouve une place naturelle dans notre sélection. Car voici un vrai film de guerre/et sur la guerre qui n’a pas à rougir face aux récents Démineurs et Redacted, en terme de théorie et de suspense. Love on Delivery, le précédent documentaire court de Metz sur les mariages mixtes thaïs/danois traitait déjà d’une situation limite (épouser une étrangère à l’autre bout du monde, la frontière entre amour et intérêt), d’un "rite de passage". Le rite ici est plus "violent", mais permet encore au cinéaste, selon ses termes, de créer un miroir pour le spectateur. Love on Delivery était axé sur les femmes ; en toute logique, ARMADILLO se devait d’explorer la masculinité.

Le tournage éprouvant d’Armadillo, à même le champ de bataille, lui a permis de redécouvrir que la guerre est ténèbres, à la fois effrayantes et séduisantes pour moi, les soldats que j’accompagnais et, j’imagine, le spectateur. Séduisantes parce qu’en face de la mort, on est encore plus ivre de vie. Son meilleur souvenir du film? En être sorti vivant. Le pire : Avoir écrit une lettre d’adieu à mes parents et à ouvrir s’il m’arrivait quelque chose. Quand aux spectateurs qui se demanderont immanquablement dès les premières minutes si ARMADILLO est une fiction ou un documentaire, Janus Metz répond : L’impact émotionnel est au cœur du cinéma, qu’il soit fiction ou documentaire ; la représentation poétique d’une réalité peut devenir hyperréaliste si on s’y prend bien. Et de conclure (comme pour légitimer notre choix) : Un film est... un film.

À la Semaine de la Critique

Armadillo

2010

Long métrage

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