La force de Hope, en venant briser le silence qui entoure le drame de l’exil des noirs africains traversant le Sahara pour rejoindre l’Europe, est de restituer au plus haut point cette réalité. Il le fait, à partir d’une incroyable histoire d’amour, qui permet à tout à un monde ignoré de venir jusqu’à nous. « Tant qu’il y a de l’autre, écrivait Serge Daney, il y a au moins l’espoir de filmer. » Hope est le film de cet espoir.
« Je suis arrivé au cinéma par le documentaire. J'ai réalisé deux films au Vietnam, un pays dont j'ai appris la langue, en essayant de pénétrer dans la mémoire vietnamienne d'une guerre. Hope suit le même tropisme : passer de l'autre côté, entrer dans des vies différentes de la mienne, plus dramatiques, plus intenses, plus héroïques. Des vies où résonne l'épopée.
En m'appuyant sur une documentation très fournie, j'ai d’abord écrit un scénario classique. Je voulais une dramaturgie forte, des rebondissements, une intrigue serrée. Mais pas question sur un sujet pareil de faire dire des dialogues écrits pour des comédiens professionnels par moi. Je me suis lancé dans un casting sauvage au Maroc. Quand j'ai rencontré Endurance, elle vivait avec son bébé en mendiant à la mosquée. Justin vivait dans la galère après avoir brièvement joué dans un club de foot marocain de troisième division. Tous deux étaient venus au Maroc par la route du désert et de l'Algérie.
Parmi les interprètes, on trouve parmi eux d'anciens bandits, des trafiquants, un ex-maquereau. Le faussaire l’a été et le chairman nigérian lui aussi à Tamanrasset. Ils m'ont apporté une connaissance fine du milieu et de ses codes. Je les ai fait improviser sur les situations du scénario et j'ai tout réécrit. Envers de tels acteurs, on a une obligation de vérité, et on se doit d'aller au plus simple, à l'essentiel. »