« Depuis que je veux faire des films, J’ai toujours su que ce serait sur la famille. J’ai grandi dans une famille où il y avait autant d’amour que de turbulences. Lorsque j’ai découvert Une saison ardente, de Richard Ford, j’ai été sidéré par la façon dont ce roman examine cette dualité.
J’ai passé une année entière à en rêver. Un jour, j’ai eu la vision de la dernière scène, l’image finale de ce qui deviendrait mon film. J’ai contacté Richard Ford, afin de m’assurer les droits du livre, et sa réponse fut un immense cadeau : "Je vous suis très reconnaissant pour l’intérêt que vous portez à mon livre. Mais je voudrais aussi vous prévenir d’une chose, en espérant que cela puisse vous encourager : mon livre est mon livre, votre film est votre film. Votre fidélité de cinéaste à mon histoire ne m’intéresse pas. Définissez vos propres valeurs, vos objectifs, vos moyens, détachez-vous du livre, afin qu’il ne vous freine pas". Ses mots m’ont donné la force de me lancer dans l’écriture avec ma compagne, Zoe Kazan.
Je souhaitais faire un film sobre et honnête, que la réalisation soit guidée par l’image et les plans. Je voulais ne bouger la caméra que lorsque c’était absolument nécessaire. Voici un extrait des notes que j’avais pris en 2013 : « Je veux que ce film soit personnel. Je veux explorer des sentiments qui ont été les miens, à travers le personnage de Joe et m’interroger sur la famille, les rapports entre un enfant et ses parents. Je veux comprendre comment, même lorsque les pires choses arrivent, nous parvenons à survivre, à être encore une famille. Nous ne serons plus jamais les mêmes, mais l’amour demeure. Et il nous reste nos vies à vivre. »
Wildlife, c’est l’histoire d’un enfant qui voit ses parents changer et leur mariage se détériorer. Mais, tout en étant le témoin de leurs échecs, il doit apprendre à grandir. C’est l’histoire d’un passage à l’âge adulte pour les trois membres de cette famille : la mère, le père, le fils. Bien qu’il parle d’affrontement, de chagrin et de désillusion, le film est porté par l’amour. Maintenant que le moment est venu de partager ce film, je constate que, comme le fait Joe, le héros de mon film, j’ai créé le portrait d’une famille, afin d’accepter et de pouvoir enfin lâcher prise. »