Rares sont les échos qui nous parviennent du cinéma russe, encore plus de sa nouvelle génération, celle d'après le mur de Berlin. Et c'est par un polar noir, effréné et irrespirable comme une société clanique que Yury Bykov laisse à entendre ce qui taraude l'homme russe aujourd'hui. C'est cet homme égaré dans une jungle où la bureaucratie le dispute en brutalité à la mafia, qui est le sujet même de The Major, le deuxième long métrage de Yury Bykov, jeune cinéaste de 31 ans, né dans une famille ouvrière dans la région de Ryazan au sud de Moscou.
"Originellement, le scénario était censé dénoncer la cruauté du système policier, mais très vite l'histoire est devenue celle de ce policier pris dans un engrenage criminel et dans un terrible dilemme moral. C'est de cette manière que The Major aborde les problèmes de la société russe d'aujourd'hui. La dégradation de notre société vaut pour l'Etat comme pour les citoyens. Les systèmes de clan se développent à tous les niveaux, et dans cette situation, aucune institution "civilisée" ne peut exister. Nous avons travaillé ce script et le projet du film avec Alexei Uchitel qui est ici mon producteur. Comme partout dans le monde, si vous faites un film indépendant, vous pouvez juste vous appuyer sur le producteur, sur sa générosité.
Le tournage n'était pas facile dans cette région, glaciale en hiver. Le matériel tombait parfois en panne mais l'équipe a magnifiquement tenu le coup. Une équipe russe, c'est une communauté de fous prêts à se geler dans la neige dix heures par jour, sans manger, sans boire ni dormir. Nous avions le sentiment qu'il était important d'emporter ce film vers la réalité. Probablement parce que ce film parle de nous."