Quand j’ai commencé à travailler sur Amparo, je me suis rendu compte que ma mère était une figure importante dans mon écriture. J’étais adolescent et ma mère et moi sommes allés rendre visite à un gestionnaire pour acheter ma liberté vis à vis de l’armée colombienne. C’était une situation très habituelle dans les années 90 : si tu ne réglais pas ta situation militaire, tu risquais de te faire embarquer par l’armée à n’importe quel moment. C’était très effrayant de marcher dans la rue. Medellín était une des villes les plus violentes du monde à ce moment-là : le trafic de drogue avait détruit l’ordre institutionnel de notre pays.
Je viens d’une classe moyenne basse et ma mère était célibataire. Elle a tout fait pour nous protéger, mes frères et moi. En réalisant ce film, j’ai voulu lui rendre hommage.
Le dialogue avec Juan Sarmiento, mon cher ami et collaborateur (chef-opérateur et producteur d’Amparo), est essentiel pour moi. Nous avons construit un univers qui évolue depuis que nous avons commencé à travailler ensemble, lors de la préparation de mon premier court-métrage, Leidi (2014).
Le premier plan de Renée Falconetti dans La passion de Jeanne d’Arc de Dreyer est une image très marquante pour moi. Le visage est un paysage qui a une beauté unique. J’ai voulu réaliser un film très proche des personnages, un portrait où on pourrait les écouter.
Je crois que le cinéma c’est surtout de la mémoire. J’avais très envie de réaliser un film très classique et très formaliste. Je veux contribuer à construire cette mémoire par le cinéma, par les histoires de ce qui nous sommes.