« Entre l’âge de quatre ans et demi et sept ans, j’ai dû écrire une centaine de poèmes ou plus précisément, je les ai récité à ma nounou. Le premier, Hagar, qui apparait au début du film, était un poème d’amour. Le poème, Une séparation, cité à la fin du film, est l’un de mes derniers poèmes. À sept ans, j’ai arrêté d’écrire et je ne voulais plus entendre parler de poésie. Mes parents ont mis mes poèmes au placard et y sont restés pendant vingt-cinq ans, jusqu’à ce que j’envisage d’en faire la matière d’un film. L’Institutrice a donc une dimension autobiographique évidente. Mais de la même manière que je suis l’enfant, je suis également l’institutrice. Cette angoisse et ce sentiment d’urgence qu’éprouve l’institutrice devant la marginalisation d’un certain art, d’une certaine sensibilité, sont ceux que j’éprouve moi-même.
On a hésité à choisir un enfant plus âgé et plus expérimenté pour le rôle de Yoav. Mais après avoir auditionné beaucoup d’enfants, notre choix s’est porté sur Avi Shnaidman, un enfant de cinq ans, qui n’avait jamais joué. Je ne souhaitais pas diriger un enfant qui ait l’air hors norme mais qui soit à la fois un enfant comme les autres avec quelque chose en plus.
Le Policier et L’Institutrice se ressemblent, ils sont fondés sur les mêmes bases et leurs structures mentales sont identiques. Dans les deux, il y a une protagoniste femme qui part en guerre contre “l’esprit du temps“. Ce sont deux films de résistance, même si l’institutrice, elle aussi, est déjà atteinte des maux qu’elle veut éradiquer. Elle est marquée par une forme de “pureté radicale“. Face au mensonge, à la salissure de notre époque, elle aspire à une vérité absolue, mais pour y arriver, elle à recours à des mensonges, à des manipulations, à l’exploitation de l’autre pour arriver à sa fin. »