"L’inspiration pour cette histoire est venue d’une mort subite qui a eu lieu dans la famille il y a dix ans à Helsinki. Le déroulement d’un enterrement musulman m’a paru long, émouvant et épuisant. Le jour de la commémoration, mon frère m’a demandé si je savais comme il était facile d’enterrer quelqu’un en Somalie. Je lui ai répondu « non ». Il m’a ensuite raconté que c’était extrêmement facile car il y avait toujours plusieurs fossoyeurs devant l’hôpital, prêts à enterrer un corps dans les heures qui suivent. Et c’est à ce moment-là précisément, alors qu’on était encore au cimetière, que le personnage du fossoyeur m’est venu. Je n’arrivais pas à m’en défaire une seconde. Il a commencé à me hanter au travail, dans mon sommeil, même pendant les repas, jusqu’à ce que je me mette à écrire l’histoire de mon fossoyeur, Guled.
Comme auteur, les petites histoires racontées avec énormément de cœur me fascinent toujours. Quand j’écris, j’observe toujours et je tâche de récolter des informations sur ce qui m’entoure. Mon but est de donner une voix à ceux qu’on n’entend pas et qu’on ne voit pas, ceux qui ne sont jamais reconnus ou dont la contribution à leur société n’est jamais valorisée parce qu’ils ont apparemment moins ou parce qu’ils "n’en valent pas la peine". Donc, pour moi, c’était vraiment important d’aider cette petite famille de Djibouti à faire entendre sa voix à travers le monde, afin que les gens aux quatre coins du monde puissent établir un lien ou les comprendre et se dire : « Ah, oui, donc on n’est pas tous seuls. »
En fait, mon intention était de raconter une histoire d'amour simple mais réaliste, avec le mordant du conte de fées. Une fois monté, on s’est rendu compte que le film se concentrait aussi sur les femmes. Nasra, la mère de Guled, la femme médecin. Ces personnages féminins sont tellement forts que sans elles, il n’y aurait pas d’histoire. Nasra est le cou du film et Guled la tête."