« Tout a commencé lors de la première résidence So Film de genre que j’ai intégrée à l’invitation de Ciclic, en tant que scénariste. J’y ai écrit et puis ensuite réalisé Acide, un court métrage apocalyptique. Deux ans et cent cinquante festivals plus tard, Thierry Lounas m’a proposé de rencontrer Jérôme Genevray et Franck Victor, les auteurs de La Nuée, ainsi que Manuel Chiche, coproducteur du film. Nous avons commencé à travailler sur une version de scénario en cours d’écriture, que nous avons remaniée lors de plusieurs résidences afin de faire converger leur vision du scénario avec mes envies de réalisation. Puis la phase de fabrication du film est arrivée plus vite que prévu. Les problèmes aussi. J’ai pleinement investi le script et emmené le film là où je pensais devoir aller. Jérôme et Franck m’ont pleinement fait confiance.
Je ne sais pas pourquoi ni comment mais je partageais avec eux ce désir de mettre en scène le combat d’une mère. Le courage de Virginie qui évolue dans un monde agricole, fragile, bouleversé, m’a énormément parlé. Veuve, elle n’a plus personne pour l’épauler. Seule au front, elle n’a pas le choix, elle ne peut pas baisser les bras, ni laisser ses enfants… Elle est le dernier rempart. Pourtant, en voulant mettre ses enfants à l’abri, elle les met en danger…Il est impossible de la juger. Impossible de lui en vouloir.
La Nuée, c’est un grand écart entre Petit Paysan et Alien… C’est un film qui s’est préparé comme un film spectaculaire sans jamais oublier les personnages qui devaient nous raconter cette histoire. Ce n’est pas la dimension fantastique du projet qui m’a plu mais davantage la capacité de Jérôme et de Franck à évoquer le drame de notre époque. Je n’ai jamais senti une histoire au service du genre, d’effets ou je ne sais quoi. Le film nous raconte qu’en jouant avec la nature, les conséquences sont désastreuses. C’est une fable universelle contemporaine : produire moins cher, vendre en plus grande quantité, peu importe les sacrifices, peu importe les conséquences...
Je crois que je fais du cinéma pour ça, pour raconter des histoires sur celles et ceux qui résistent. »