« Le film est un conte urbain, moderne, qui parle de destin et de résilience, qui dit que pour changer les choses, il faut se surprendre, oser l’inhabituel, faire des pas de côté. Il est très librement adapté du roman de Guillaume Laurant, le coscénariste du Fabuleux destin d'Amélie Poulain, et a été réalisé à la fois en 3D et dessin 2D. Le dispositif du livre m’a tout de suite passionné. A savoir, une main qui prend vie, qui n’est pas dans la fatalité.
Mon but a été de faire oublier qu’on est dans l’animation. Le film s’articule comme un puzzle. J’ai choisi un graphisme brut, mais une image évoluée qui ne gomme pas les accidents dans le dessin. Au contraire. J’aime ces aspérités pour rester dans l’organique, éviter tout formatage. Car dès qu’on passe du court au long métrage, c’est le risque. Cela laissait place à l’humain, aux imprévus et devenait un jeu
avec la caméra.
Le challenge reposait sur la façon de mettre la main en scène, trouver comment elle se tient, elle regarde, inventer une grammaire gestuelle au service des émotions alors qu’elle n’a ni yeux, ni expression. On lui a donc donné un passé, une enfance.
Ces questions m’ont amené à créer des langages complexes, d’un côté autour de la main qui, au début, s’échappe du réfrigérateur pour trouver son corps. Et de l’autre, autour de Naoufel, solitaire livreur de pizzas, à qui la main appartient. Il rencontre Gabrielle à travers un interphone à 35 étages de distance. Ces deux trajectoires devaient devenir une seule histoire.
Le récit se passe surtout la nuit. J’ai voulu poser tous les langages du film dans les 20 premières minutes. Ce sont les personnages qui apportent la dimension poétique et tendre à l’univers râpeux du Paris des années 90. J’ai perdu mon corps dit qu’on peut toujours redevenir maître de son destin. »