A l’origine de August 22, This Year, il y a l’angoisse de la fin du monde : « j’ai beaucoup lu et réfléchi sur la “culpabilité climatique”, cette crainte existentielle venant de l’impression que chaque action est directement responsable de la destruction future de l’humanité », explique le réalisateur Graham Foy. « En me demandant comment agir de manière positive, je me sentais quelque peu désarmé et désorienté. Je voulais essayer d’exprimer ces émotions dans un film sans être trop didactique ni direct, dans une optique politique spécifique. » À cette fin, le film se déploie comme une tapisserie délicate et minutieuse, une réaction en chaine de dominos zen.
« La structure du film tient compte de l’idée que même les plus petites décisions d’une vie peuvent s’additionner et mener à des conséquences plus larges. Je voulais utiliser la structure du film apocalyptique pour donner plus de poids à chacun de ces petits moments. J’ai veillé à ne pas trop en dire sur chaque personnage en me concentrant sur les détails intimes de chaque scène, pour donner un sens du mystère et du curieux à chaque vignette et personnage. » Et en filmant son entourage (amis, parents, collègues artistes), chez lui ou dans le quartier, Foy semble accueillir l’univers entier dans son petit monde : « je voulais montrer la vie telle qu’elle existe chaque jour, avec ce “dernier jour sur terre” pour souligner ce que nous risquons de perdre et d’encourager les spectateurs à être attentif à la magie du présent. »
Filmé avant la pandémie de Covid-19 qui congela nos existences, August 22, This Year résonne particulièrement avec son temps qui s’arrête : « la manière dont le film anticipe ce qui se passe maintenant est troublante. C’est un sentiment partagé dernièrement, bien sûr, mais, je crois que même bien avant cette épidémie nous vivions déjà à une époque marquée par de nombreuses peurs existentielles profondes. Au lieu d’essayer d’imiter cette peur, je voulais montrer comment l’humanité appréhende cette tragédie de façon belle et apaisée. Une fin digne et poétique ».