« En français comme en colombien, l'expression Gente de bien a deux significations différentes : les personnes qui font le bien et ceux de bonne famille, qui possèdent des biens matériels. Mon film joue sur cette confusion. D'un côté cette femme qui pense faire une bonne action en enlevant un fils à son père, de l'autre cet enfant qui intègre le temps d'un été une classe sociale supérieure à la sienne. Ce dernier point est à la base de Gente de bien, mais je voulais montrer la lutte des classes sous l'angle de l'intime. A mes yeux, c'est avant tout un film sur la famille. Même si je me suis rendu compte en l'écrivant que je faisais une connexion étrange, inconsciente, entre les rapports de famille et ceux d'argent : la question de l'abandon est pour moi liée à celle de basculer d'une classe à une autre.
Gente de bien est imprégné par l'idée de fable morale. Ce film tient d'ailleurs beaucoup d'un conte de Noël. Même si c'est un film pour adultes, il est beaucoup construit sur les impressions qui me restent de souvenirs d'enfance, renoue avec les contes qu'on me racontait quand j'étais petit. C'est peut-être ce qui a mené aussi à ma vision des personnages, malgré tout bienveillante, même si leurs actions peuvent être dramatiques. Je n'aime pas les films où les réalisateurs n'aiment pas leurs personnages. Même s'ils ne sont pas toujours à leur avantage, je tiens à les filmer avec amour. Dans Gente de bien, il n'y a ni victime ni bourreau mais des gens qui font ce qu'ils peuvent.
J'ai fait mes études de cinéaste en France, je me suis construit ici. A partir de là, il était comme normal que mon film soit co-produit par mon pays d'origine et celui d'adoption. Et si la France participe au cinéma d'auteur latino, j'ai le sentiment que le colombien connait de lui-même un nouveau souffle via une nouvelle vague de cinéastes. »