« Avec Les Anarchistes, j’ai voulu travailler plus en profondeur le mélange des genres, à savoir le film d’infiltration et le drame, tout en accentuant le romanesque déjà présent dans Alyah et en me concentrant sur une dramaturgie plus resserrée. Si les deux films suivent des héros divisés, Les Anarchistes est centré sur l’engagement, à partir d’un personnage vide idéologiquement et confronté aux gens les plus remplis d’aspirations. Autant une histoire d’engagement politique qu’amoureux d’ailleurs. »
« Le film en costumes autorise une forme de poésie dans les dialogues et les soliloques qui ponctuent le film. On s’échappe du réel pour créer un monde autonome. Impossible de faire autrement qu’inscrire mon récit à la fin du 19e siècle pour raconter le destin de ces anarchistes individualistes, qui veulent changer l’homme en profondeur avant de faire la révolution. Des êtres d’une modernité inouïe. Les thèses de mes anarchistes résonnent avec certaines problématiques actuelles, en particulier leurs discours sur l’effondrement du politique. Le parallèle est possible entre les fils de communards, que les anarchistes sont parfois, et les fils de soixante-huitards. Comme dans Alyah, j’avais envie d’être près des visages et caméra à l’épaule. Comme s’il s’agissait d’un film contemporain pour être constamment au présent des acteurs et des sentiments. »
« J’ai rencontré Tahar Rahim tôt et j’ai réécrit en pensant à lui. Avec son élégance, sa beauté profonde, son gabarit, il était le candidat idéal pour jouer un infiltré. Avoir un acteur qui considère que la technique peut conduire vers le sentiment vrai, m’a beaucoup apporté. Adèle Exarchopoulos est arrivée plus tard. Sa modernité et sa jeunesse ont fait d’elle une parfaite anarchiste. Elle peut paraître très dure et soudainement redevenir enfant ou le contraire. Elle est à la fois révoltée et romantique : j’avais besoin de ces deux courants pour constituer une Judith parfaite. »