Après un documentaire, Le Sommeil d’or, où il partait sur les traces du cinéma populaire cambodgien disparu sous la dictature khmer rouge, Davy Chou signe avec Diamond Island sa première fiction. Après les fantômes du passé, il filme les mirages du présent.
« Quand j’ai découvert Diamond Island en 2013, j’ai tout de suite eu envie de filmer ce lieu - ce que j’ai d’abord fait avec le court-métrage Cambodia 2099 l’esquisse de Diamond Island. C’est un vaste projet immobilier, une mini-ville composée de bâtiments modernes et luxueux, sur une presqu’ile aux abords de Phnom Penh. Il cristallise le développement à grande vitesse du Cambodge. Ce qui m’a frappé, au-delà de la démesure kitsch de l’architecture, c’est de voir des centaines de jeunes y déambuler tous les soirs, tourner en rond sur leurs motos dans cet espace inachevé. Ces jeunes sont électrisés à l’idée de voir le pays renaître, ils se projettent dans l’avenir avec entrain et naïveté. Ils ont entre 17 et 25 ans, viennent de la campagne et travaillent à construire ce Cambodge du futur dont ils n’auront pas les moyens de profiter ».
« Diamond Island est un récit d’apprentissage très simple qui s’appuie sur les codes du « teen-movie » : la drague, les clans. C’est un film sur la distance : entre les garçons et les filles, entre le monde d’en bas et celui d’en haut, entre les aspirations de cette jeunesse bercée d’illusions et la réalité du pays. Une réalité brutale dont j’ai voulu rendre compte avec douceur et générosité. La mise en scène se veut au diapason du ressenti des personnages. Sans avoir peur de l’hétérogénéité, des couleurs, ni même du maniérisme ».
« Aucun des acteurs du film ne sont professionnels - celui qui joue Bora est chauffeur-rabatteur de taxis. Pour les trouver, j’ai passé quatre mois à arpenter les rues de Phnom Penh, à trainer sur Diamond Island et sur Facebook. Avoir cru en ces jeunes et avoir trouvé leur confiance en retour constitue une de mes plus belles expériences sur ce film ».