Comment est née cette aventure ?
Dans une gare, devant une affiche de personnes disparues. Je me suis dit qu’elles avaient été assassinées, qu'elles avaient refait leurs vies très loin, mais que dans ce bas monde personne ne disparaît jamais vraiment. Que se passerait-il si elles avaient purement et simplement disparu ? Si elles ne manquaient pas seulement à la communauté des hommes, mais aussi à la surface de la Terre.
Filmer la guerre à l’arrêt vous permet de dépasser le simple genre du film de guerre…
Oui. Les guerres contemporaines et leurs troupes sont par nature plus souvent à l'arrêt qu'en mouvement. L'enlisement est presque devenu une constante dans les conflits impliquant une armée occidentale. Et ce genre m'a autant intéressé que le policier ou le fantastique.
Vous aimez jouer de l’étirement du temps…
Je viens d'une cinéphilie un peu austère et contemplative (Bela Tarr, Tarkovski, les premiers Gus Van Sant), donc j'ai l'impression que mon film a le rythme d'un épisode de 24h Chrono ! Plus sérieusement, j'essaie de donner aux choses le rythme qui leur est juste, nécessaire.
En quoi votre travail de vidéaste, photographe, plasticien influe-t-il sur ce premier long ?
Visuellement, je pense que tout mon univers de plasticien est présent, dans la représentation des corps et des paysages, comme dans l'utilisation parfois à la limite de l'expérimental des technologies infrarouges et thermiques. Concernant les enjeux (la croyance, les rituels, la représentation de l'invisible), ce sont des questions sur lesquelles je travaille depuis mes débuts.