Un paysage superbe, une histoire saisissante, une interprétation électrique : ce premier film est aussi intense qu’impressionnant. Un peu comme si « Sa Majesté des mouches avait rencontré Stand By Me », selon le réalisateur.
«Pendant toute mon enfance, mes parents m’ont emmené l’été dans le nord de l’Ontario, dans une commune balnéaire minuscule. Bien que l’histoire du film soit fictive, cet endroit lui a servi de cadre.
Je voulais saisir ce moment infernal dans la vie des jeunes garçons, juste avant le passage à l’âge adulte, lorsque l’on peut vivre à la fois l’expérience cuisante d’un amour non partagé, mais aussi la joie d’une amitié véritable ou l’excitation de repousser les limites avec désinvolture. Le paysage accidenté et impitoyable de Lake Superior, au nord de l’Ontario, m’a semblé totalement raccord avec ce type d’histoire, l’un et l’autre portant en eux une violence imprévisible.
Dès le départ, mon idée était de faire un long métrage. Mon équipe a bien essayé d’obtenir les subsides nécessaires, mais elle n’y est pas parvenue. A ce moment-là, nous avions déjà découvert Reece Moffett et Nick Serino (Riley et Nate dans le film) et nous tenions à saisir leur naturel avant qu’ils ne deviennent trop âgés pour ces rôles. Donc on a réalisé un tout petit court métrage, une sorte d’ébauche du long à venir. Les deux garçons n’avaient jamais joué la comédie, mais ils étaient si naturels, et si disposés à collaborer avec moi, que, finalement, ce travail commun a profondément influé sur ma façon d’aborder le long métrage par la suite.
Très tôt, j’ai eu une idée précise de ce que je voulais explorer. L’adolescence, pour moi, se caractérise par l’éveil de pulsions à la fois très créatrices et très destructrices. Dans mon film, les garçons sont agressifs. Je pense que c’est une façon pour eux de comprendre comment trouver leur place dans le monde.
Le chemin pour trouver la réalisation adéquate a été plus long et difficile. On a d’abord commencé avec un scénario classique, que l’on n’a eu de cesse de déconstruire par la suite, débouchant sur une méthode de production moins conventionnelle, histoire de saisir l’authenticité de nos jeunes acteurs. »