Votre film se situe à la croisée de plusieurs genres: le documentaire, le conte, le drame historique… Comment s’est construite la structure narrative ?
Tout est parti d’une histoire qui est arrivée à un ami de mon grand-père. L’homme est revenu dans sa région natale à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Après quatre ans d’absence, ses proches le croyaient mort. Sa réapparition avait donc quelque chose de fantomatique. J’ai gardé cette idée de vie après la mort. Après tout cet homme était peut-être réellement décédé et revenait hanter sa terre d’origine ! Au cinéma, les fantômes existent. On peut les filmer, donc les voir ! Voilà pourquoi le protagoniste de mon film traverse ainsi les âges. Nous avons tourné dans la région du Piémont. Il fallait que les lieux du tournage soient imprégnés des histoires et des légendes dont je m’inspirais. Ils ont permis de fixer mon imaginaire.
« Mon plus grand malheur, c’est de venir de nulle-part ! » dit le personnage principal. Votre film ne cherche pas à lui donner cette identité perdue mais au contraire, brouille les pistes…
Je tenais à explorer l’aspect primitif de l’humain. La meilleure façon d’être honnête est peut-être de revenir à cet état originel. Mes personnages n’ont pas d’identités sociologiques précises, nous ne savons rien de leurs origines. Lorsque le protagoniste croise par exemple la route d’Ariane, il se reconnait dans la pureté qu’elle dégage. On peut trouver dans mon film, des références à la tragédie grecque, au cinéma de Pasolini mais aussi aux légendes populaires italiennes.
Le titre du film I tempi felici verranno presto (Happy Times Will Come Soon) est plutôt joyeux. Il contredit le ton général de votre film…
Il m’a été inspiré par un ami qui n’allait pas bien et se rassurait en se disant que les jours heureux reviendraient bientôt. J’aime cette naïveté, cette tendresse, comme une formule maternelle consolatrice. Il faut tenir bon, rester debout, résister et jouir malgré tout. Je vois mon film comme un conte moral.