« J’ai commencé à travailler sur Ceniza Negra il y a cinq ans. Le court métrage Selva est né à mi-chemin, d’une impulsion. J’ai dû sortir et capturer des sons et des images de tout ce que nous développions. C’était une approximation de l’atmosphère du long métrage, un approfondissement du personnage principal, et l’exploration d’une façon de diriger les enfants et les adolescents. Mais surtout, une occasion qui nous a permis de trouver Smachleen Gutiérrez, devenue l’actrice principale des deux films. Ceniza Negra et Smachleen ont grandi ensemble.
Je ne m’intéresse pas à l’enfance en général, mais à la façon dont un enfant construit sa vision de la mort. Quand j’écrivais le film, j’étais proche d’une fille qui pleurait sa mère. J’ai été surprise de voir comment la fantaisie et les jeux lui ont permis de traverser son processus de deuil, et de guérir. Dans Ceniza Negra, mon intérêt principal était de dépeindre un personnage fort, rempli de feu. Quelqu’un qui quitte l’enfance, mais qui fait confiance à la mort, qui n’est qu’une transformation.
Je travaille dans l’idée que les corps et l’espace disent plus que les mots. Dans le scénario, je voulais faire de la nature un personnage, et développer le conflit à travers l’atmosphère. En préproduction, nous avons consacré beaucoup de temps à trouver les bons décors, et rencontré un grand nombre d’acteurs potentiels, jusqu’à rencontrer ceux qui portent cette magie en eux. La poésie est née du scénario, du lien avec l’espace et du choix des acteurs. Le réalisme est né de l’intimité, de la confiance et du travail acharné.
Ces dernières années, nous avons vu naître un cinéma costaricain délicat et intime, en forte croissance, et rempli de récits risqués et surtout dirigés par des femmes. Notre film est né d’un noyau créatif féminin. C’est l’une des raisons qui nous rend si fières d’être le premier long métrage du Costa Rica invité à Cannes. »