« Sur l’île de Majorque, le terme forastera (le marginal, l’étranger), désigne les espagnols de la péninsule qui visitent ou qui se sont installés sur l’île. J’ai toujours pensé que c’était étrange comme concept : un terme aussi vaste pour désigner un groupe aussi réduit d’individus. Je voulais partir de cette connotation étrange et, à travers le personnage d’Antonia, explorer une définition plus équivoque de ce que signifie être un forestera.
Travailler avec Zoe Stein, qui joue Antonia, a été un véritable bonheur. Pendant le casting, Zoe et moi nous sommes rapprochées à travers nos histoires personnelles qui sont étrangement similaires l’une de l’autre, mais aussi de celle du personnage. Sa capacité d’aller avec autant d'aisance d’un personnage à un autre, de l’adolescente à la vieille dame, m’a fascinée. Zoe amène un mystère à Antonia, qui la rend à la fois charmante et envoûtante.
Les costumes peuvent être un outil extrêmement puissant pour exprimer la nostalgie. La couleur, la texture, l’odeur, même la manière dont le tissu bouge, peuvent faire ressurgir les souvenirs enfouis qu'on garde des gens. On s’est tous glissés dans le placard de nos parents pour se déguiser et faire comme si on était plus âgés, plus sophistiqués, pour jouer à être quelqu'un d'autre. Voir Antonia se transformer à travers le vestige de cette robe me semblait naturel pour une jeune fille qui meurt d’envie de voir quelque chose changer en elle.
Notre formidable chef-op, Alana Mejía González, et moi-même, avons collaboré pour développer l’esthétique de cette histoire. Il était important pour nous que le magnétisme d’Antonia captive le spectateur dès le début. Les longues séquences viennent du personnage fantomatique du film : la Grand-mère. Ces plans évoquent une fantasmagorie, une présence dans la vie d’Antonia, une énergie qui la pousse vers une transformation. »