« J’avais écrit ce scénario en parallèle à d’autres projets en cours de développement, il trainait dans mes archives. En juillet dernier, je me suis levée un matin prise d’un genre de pulsion incontrôlable. J’avais envie de tourner, tout de suite, sans contrainte, sans budget. Je fonctionne à l’instinct. Je n’avais rien à perdre, tout à gagner. Alors j’ai foncé. Dès les premières minutes du tournage, je savais que ce film était né sous une bonne étoile, je n’avais plus de doutes.
Je voulais m’entourer de gens que j’aime pour faire ce film, faire découvrir de nouveaux talents à tous les niveaux, à la technique comme au casting. Pour les techniciens, c’était une première fois pour eux en tant que chefs de poste. Pour la plupart des comédiens, cette expérience était une première aussi. J’ai réuni toute l’équipe, chef opérateur, assistante, cadreur, ingénieur du son, acteurs, en quelques jours seulement. On a tourné en trois fois cinq jours, en juillet, en août et en septembre, et composé avec les emplois du temps de chacun. Le défi avec ce film était l’humain. Cette donnée nous a rendus plus forts. Elle nous a permis de tout mener de front et jusqu’au bout. Avec l’envie de faire, avec l’art, avec les autres, on peut déplacer des montagnes.
Quant au sujet, j’avais envie de parler d’amour, éternel tabou. Personne n’échappe au chagrin d’amour, peu importe son âge, sa condition sociale, sa personnalité, sa nationalité. C’est universel. L’amour, c’est beau, mais ça peut aussi rendre malade à crever. J’avais envie de raconter cette douleur atroce, ce moment où tu sens le sol se dérober sous tes pieds, où tu perds toute confiance en toi, où tu ne sais plus qui tu es. Il n'y a pas de solution miracle à ça. Chacun réagit à sa façon. Le chagrin d’amour peut être vu comme un deuil. Tu te sens mourir, ou tu souhaites la mort de l’autre, c’est violent et humain à la fois. Cet état-là n’est pas souvent traité au cinéma. On parle plutôt des débuts de relation ou de la rupture en elle-même, mais pas vraiment du chagrin, celui qui terrasse, celui contre lequel tu luttes pour rester en vie ».