Avec Robuste, Constance Meyer observe le monde du cinéma à travers le métier d’acteur (Gérard Depardieu), regardé par une personne étrangère à ce monde (Déborah Lukumuena) qui, par sa fonction (chargée de sa sécurité), traverse les frontières de sa vie, de la sphère professionnelle à l’intime.
« A l’origine de ce film, il y a une image : un homme robuste évanoui dans les bras d’une femme. Comme une scène galante inversée. Cette image d’abandon et de vulnérabilité me revenait, et j’ai eu envie de la déconstruire pour en faire une histoire.
C’est ainsi que sont apparus Aïssa et Georges, la rencontre de leurs deux univers, de leurs deux solitudes. Il fallait une femme comme Aïssa - ancrée, déterminée, sans jugement - pour "porter" et supporter Georges, le mettre face à lui-même, face au monde auquel il a renoncé. Et il fallait le regard et le non conformisme d’un homme comme Georges pour qu’Aïssa laisse derrière elle un amour dont elle n’attendait rien et qu’elle retrouve la dimension ludique de la lutte.
Il y a aussi une phrase, qui m'a beaucoup marquée : « Pour jouer, il faut accepter de se noyer. » Cette phrase, c’est Depardieu qui l'a dite un jour au détour d’une conversation.
Pour jouer, donc, il faudrait se jeter à l’eau et cesser de se débattre ? Renoncer à la vie ? C’est pourtant un homme d’une vitalité quasi incompréhensible qui prononce ces mots.
Je crois, avec le recul, que Robuste est une tentative pour appréhender cette idée, celle du jeu d’acteur comme une noyade, un abandon, et en même temps un retour à la vie. »