« Dans mon travail de metteur en scène, il y a toujours des références au cinéma. J’ai été un spectateur de cinéma avant de venir au théâtre. Au-delà du performatif des Chiens de Navarre, je voulais plus de narration, de continuité, de notion de personnages. Je désirais raconter une histoire et voir des images autrement qu’à la scène.
J’ai construit un scénario avec une trame, des situations, tableaux, décors, mais pas de dialogues. On ne savait pas ce qu’on allait dire exactement pour trouver cet hyper présent. J’aime quand l’acteur écrit ou invente ses propres dialogues. Il n’est plus en état de penser ce qu’il va jouer. Il est vrai, accidentel, infantile.
Il y a quelque chose de très premier degré dans Apnée. Il y a du Diogène chez ces trois héros. Un mélange d’intelligence et de naïveté. Ils croquent, regardent notre France qui est un peu accablée. A quarante ans, la naïveté devient autre, entre la légèreté de l’enfance et une revendication un peu libertaire. Je préfère raconter des choses tristes et révoltantes avec le rire.
Je n’aime pas trop la psychologie. J’aime que l’imaginaire du spectateur soit actif, qu’il suive des choses réelles, concrètes. Le « trouple » n’est pas une revendication amoureuse personnelle. J’avais peur qu’avec un couple, ce soit trop identifiable. Le trio apporte du décalé, du dérangeant, du symbolique. En ces temps contrariés et contrariants, c’était pousser la provocation, la réflexion, l’exigence, de montrer une forme d’amour possible qui pourrait presque être reconnue. »