« Tous mes films partent de moi, de mes questionnements, de mes hantises. Je me suis séparé de la mère de mes enfants il y a cinq ans. J’ai appris, comme Olivier dans le film, à vivre seul avec eux, à les regarder, à les entendre et à les comprendre. Cela m’a beaucoup nourri en tant qu’homme et en tant que cinéaste. Le film est né de là.
Le scénario est ancré dans une réalité sociale qui a été une source d’inspiration importante. Nous avons visité des usines, rencontré des ouvriers, des syndicalistes. Je voulais incarner une forme de modernité, amener un regard sur le monde du travail d’aujourd’hui, et plus spécifiquement explorer ses répercussions sur la famille. Combien de foyers où les deux conjoints travaillent, ont du mal à boucler leur fin de mois ? Que se passe-t-il dès lors que l’équilibre du foyer est rompu ?
Ma méthodologie a été la même que sur Keeper, mon premier film. Je laisse un maximum de liberté à mes comédiens, on part ensemble à la recherche d’une spontanéité, d’une vérité émotionnelle. Je ne leur donne pas les dialogues. Je travaille avec eux en amont pour que chacun trouve son personnage. Puis sur le tournage, nous avançons séquence par séquence. D’abord en improvisation, puis petit à petit, en les accompagnant au plus près, nous arrivons spontanément aux dialogues du scénario. Cela implique un travail collectif où chacun doit donner de sa personne : la mise en scène, les comédiens mais aussi les techniciens.
Le choix de Romain Duris est arrivé très tôt dans l’écriture. Il avait vu et adoré Keeper. Il s’est très vite positionné sur le film. Nous n’avions pas encore de continuité dialoguée. J’ai été surpris qu’il me fasse si vite confiance. Il n’y a pas tellement d’acteurs qui acceptent de travailler sans recevoir de dialogues. Romain est un comédien qui s’adapte à toutes les situations. Il est très créatif, toujours concentré, surtout dans l’écoute de son partenaire, et ça c’est précieux. »