À propos de Vincent doit mourir
par Frédéric Mercier
par Frédéric Mercier
A la suite d’une mauvaise blague, l’univers de Vincent se retourne contre lui. Sans raisons apparentes, les gens essaient de le tuer. Forcé de s’enfuir, il rencontre sur son chemin Margot. Les nombreuses attaques dont il est victime sont aussi arbitraires que celles des Oiseaux dans le film de Hitchcock, une des nombreuses références d’un film à la croisée des genres. Stéphan Castang choisit de narrer l’errance de Vincent à la manière d’un cauchemar pré-Apocalyptique pour exprimer notre rapport altéré aux autres et notre angoisse de l’altérité. Mais dans la romance entre Margot et Vincent, il envisage aussi une Apocalypse intime.
Entretien avec Stéphan Castang
« Si je suis un comédien de théâtre public, j’ai toujours eu envie d’écrire et de réaliser des films. En 2011, j’ai sauté le pas et réalisé mon premier court qui s’appelait Jeunesses françaises. J’ai par la suite rencontré Thierry Lounas qui m’a proposé de tourner un des scénarios qui sortaient de sa résidence d’écriture et j’y ai tout de suite vu le récit d’un névrosé où j’allais pouvoir m’épanouir. Le scénario de Mathieu Naert contient une vision de l’hostilité de notre monde qui me parle. Comment rendre compte de la violence sociale de notre temps présent ? J’aimais l’idée que cette situation absurde ressemble à une hypothèse que Vincent expérimente pour nous. »
« Vincent n’est ni sympathique ni antipathique mais il est plutôt content de lui. Il pense être à sa place et, tout au long du film, il va être déplacé. Assez vite, il se retrouve face à un étrange phénomène. Ce qui me plaisait, c’est qu’il réagit sans psychologie, à la manière d’un personnage burlesque. J’ai choisi Karim Leklou car il peut être doux et brutal, effrayant et d’une très grande beauté. »
« L’humour dans le film n’est pas un humour de mots ou de personnages. J’avais d’ailleurs demandé aux acteurs de ne surtout pas jouer sur des codes de comédie. Il fallait au contraire jouer le drame, la tragédie, la passion, la panique. C’est le décalage avec la situation qui crée l’humour. »
« J’avais envie de rester loyal avec les codes du genre car trop souvent, on ne fait que s’amuser avec. Parmi mes références, j’avais notamment en tête After Hours de Scorsese, grand film de persécution sur un corps maltraité. C’est aussi ça mon film : un corps maltraité qui en rencontre un autre. Ensemble, ils vont apprendre à se consoler. »