À propos de Levante

par Ava Cahen

Entretien avec Lillah Halla

« Venant du monde du théâtre, et ayant fait l’école de cinéma EICTV de Cuba, pour moi, la collaboration au sein de l’équipe est l’outil le plus précieux qui soit pour le type de cinéma que je réalise. Je crois profondément qu’on va plus loin ensemble. 

Dans son équipe, Sofia se sent protégée. Ils lui créent un filet de sécurité pour l’accompagner  et permettent ainsi à Sofia de prendre des mesures risquées mais, tout au long du film, pour qu’elle puisse poursuivre son chemin. Ils sont soudés, ils rêvent ensemble, et ils osent défier le présent pour se créer un autre avenir. Un avenir dans lequel ils seront libres. 

J’ai mis du temps à réaliser ce film (7 ans), et pendant toute cette période j’ai changé, et le monde aussi ; ça a donc été difficile de conserver la fraîcheur de l’histoire et de la narration. Et donc moi aussi, comme Sofia, je suis devenue plus forte quand d’autres se sont joints à moi. 

Les personnes qui ont rejoint le film veulent tous FAIRE ENTENDRE LEUR VOIX. C’est la famille que j’ai choisie. Je voulais que l'œuvre ait leur “patine” - que cela soit l’équipe technique ou artistique. Mon rôle était de chorégraphier l’ensemble: je regardais le plateau, et c’était comme une jam musicale - chacun sur son “instrument” - et c’est ça le pouvoir du collectif, c’est ce qui me nourrit. 

Dans notre métier, on se concentre trop sur le réalisateur. Même si je me suis défoncée au travail, je ne l’ai jamais fait toute seule. Orchestrer tout ça, faire en sorte que tout le monde ait son impact, son autonomie et voix au chapitre, m’a demandé de mettre en place un processus complexe et de trouver la bonne équipe, de peaufiner notre mode de communication, pour que la magie puisse opérer. C’est une construction complexe qu’il faut bâtir dès le début: ce n’est pas le fruit du hasard.

C’est en faisant ce travail préliminaire qu’on établit un climat de confiance. Une fois qu’il existe, c’est un terreau incroyable pour faire un film. 

Une des choses que j’ai apprises c’est qu’il ne s’agit pas de se faire des idées sur les difficultés, mais plutôt de garder l’esprit ouvert afin d’y faire face; c’est cela - en plus de ma propre obstination - qui nous a rendus plus forts au fur et à mesure du film. 

C’est une valse entre le contrôle et le lâcher prise. Une valse avec l’inconnu.»

 

 

 



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