À propos de Rafaat einy ll sama
par Ava Cahen
par Ava Cahen
Le caractère rebelle des héroïnes déteint sur le film. C’est le cœur battant qu’on découvre les œuvres de cette bande de filles qui s’émancipe par le théâtre, ensemble.
Entretien avec Nada Riyadh & Ayman El Amir
Les Filles du Nile nous confronte à un groupe de femmes qui tentent de créer leur propre communauté et qui n’ont de choix que d’être tiraillées entre leur envie de vivre de manière sincère et adhérer à l’ordre établi. Une gageure pour un grand nombre d’entre elles qui ne se retrouvent pas dans les normes préétablies. Les protagonistes se retrouvent à chercher qui elles sont, un voyage au cours duquel elles apprendront autant sur elles-mêmes et sur les traditions ancestrales qui sous-tendent la culture de leur village, charmant mais inerte, que sur le monde qui existe par-delà ses frontières.
Dans ce contexte particulier, le village de Barsha se transforme en un microcosme pertinent au regard non seulement de la société égyptienne, mais aussi de la vie au sens large. Ce qui est fascinant chez ces adolescentes, c’est le manque de conscience et de respect pour les restrictions familiales, sociales, religieuses et économiques, alors que, en bordure du cadre, la caméra capture la peur et les restrictions que ces filles refusent de reconnaître. C’est là quelque chose d’unique à cet âge : croire si fort en ses rêves que ses croyances transcendent la réalité. Mais en grandissant, les frustrations, les doutes et les désirs s’immiscent jusqu’au centre de l’image, les forçant à chercher leur propre identité.
Ce film d'apprentissage se concentre sur ces filles dont émanent la force, la résilience, l’intelligence, le courage et l’amour qu’elles éprouvent les unes pour les autres. Dans notre culture contemporaine, qui a tendance à vénérer la naïveté de la jeunesse et qui prétend que la vie est un mouvement linéaire allant de l’innocence de la jeunesse à l’expérience blasée, l’histoire de ces filles s’inscrit en faux. Cette plongée au coeur de leurs vies révèle la difficulté d’être une femme dans des sociétés très prescriptives. Un mélange de rêves plus grands que nature et de retours à la réalité, de culpabilité et de désirs de revenir à certains moments d’enfance. L’esthétique du film imite ce voyage délicat en transcendant le genre et la forme. Cela nous permet d’explorer la limite entre la tragédie et la liberté, le contrôle et la soumission, la vérité et le mensonge, les limites et la puissance du cinéma.