À propos de Montsouris
par Léo Ortuno
par Léo Ortuno
Difficile de ne pas tomber sous le charme de Montsouris, film automnal dans lequel deux personnages tentent maladroitement de réaliser un documentaire sur un parc. C’est en cherchant l’anecdotique que l’événement survient et à ce premier duo comique en succède un deuxième, tout aussi burlesque. Entre un plan-séquence majestueux et un épilogue réflexif inattendu, Guil Sela déploie une maestria évidente tout en signant un film qui conserve une élégante modestie.
La comédie et l’anecdotique
“Un jour à Naples, je me suis fait voler mon appareil photo. Cinq minutes plus tard j’étais avec un duo de policiers. Un de leur téléphone a sonné et c'était le générique de Game of Thrones. La situation était tellement improbable que je n’ai pas pu m’empêcher de rire. Tout est comme ça. La vie est remplie de ces petites contrariétés logistiques qui viennent bousculer chaque moment. Pour moi, la comédie naît dans la retranscription implacable de l’ironie des situations du quotidien.
Je voulais aussi dédicacer ce film à mon grand-père. Il a survécu à la Shoah et a réussi à devenir quelqu'un avec énormément d'humour. Il était hyper observateur, s’intéressait à l’homo sapiens et avait un carnet dans lequel il notait toutes les coïncidences auxquelles il lui arrivait d'être témoin. Comme dans le film, c'est un peu une ode à la divagation. Et peut-être qu'en s'intéressant aux petites choses du quotidien, à l'anecdotique et aux coïncidences, on finit par parler de sujets plus importants.”
“Nous, on filme”
“Une fois qu'on a filmé quelque chose, capturé un événement, qu'est-ce qu'on doit faire de ces images ? Notre rôle est-il simplement de montrer ce qui existe, ou de dire d’une manière ou d’une autre ce qu’on en pense? En d’autres termes : de juger. C’est une question qui me travaille. Je sais que la société progresse et demande aux artistes d'être impliqués politiquement. Je m'inscris dans ces combats contemporains mais d'un autre côté, en tant que réalisateur, j'ai du mal à me dire qu'il faut que j'imprime ces idées-là en amont de mon tournage. J'ai l'impression que le résultat serait un pastiche ou une publicité. D’ailleurs les cinéastes que j’admire ne sont pas dans le jugement. A travers un des duos du film, on voit ces aspects et deux réponses possibles. Je ne saurais pas trancher mais Montsouris fait état de ce grand tiraillement.”
Vite et simple
“C'est le film que j'ai fait le plus rapidement, avec le moins d'argent. J'en avais marre d'attendre des financements pour mes projets et j'avais une bobine de 16mm qu’il me restait d’un tournage. Je me suis dit que j'allais faire un film avec l’idée d’un plan séquence et de deux personnes qui sont témoins de quelque chose. Je ne savais pas encore ce qu’était ce quelque chose et ça a donné le début du film, qui montre ce tâtonnement.
Ensuite tout est allé très vite, l’envie de Montsouris remonte à fin août dernier et en novembre le film était monté. C’est comme si je m’étais rappelé qu’être cinéaste, c’est avant tout sortir de chez soi avec une petite caméra et filmer des choses.”