À propos de Ella se queda
par Esther Brejon
par Esther Brejon
Dans ce film tourné en pellicule, Marinthia Gutiérrez Velazco revisite le film de vampires pour raconter une histoire de vengeance et d’empowerment. À mesure que le film s’affranchit des règles, le personnage principal prend toute son ampleur et entame sa mutation. Porté par une danseuse qui ensorcèle autant qu’elle embrase la pellicule, Ella se queda est un premier geste de cinéma envoûtant et inquiétant, entreprise de reconquête du cinéma et des corps.
Entretien avec Marinthia Gutiérrez Velazco
Pourriez-vous nous raconter la genèse du film ? Quel a été le point de départ du film ?
L’idée d’Ella se queda a émergé durant les quelques mois d’attente avant mon déménagement à Los Angeles. J’ai été admise dans une école de cinéma là-bas et cette période d’attente au Mexique m’a donné l’impression que ma réalité présente ressemblait de plus en plus au passé. J’étais allée au bar El Tropics à Tijuana, qui est dans Ella se queda, avec l’intention de passer un bon moment. Quand je me suis regardée dans le reflet des miroirs sur le mur et y ai vu ma tristesse, c’est là que j’ai su que je voulais faire quelque chose de cette image et de ce sentiment.
Votre film embrasse plusieurs styles et genres. Comment avez-vous imaginé la forme inventive du film ? Quelles ont été vos inspirations ?
J’aime différents styles de réalisation et je fais des allers-retours entre des formes très simples de storytelling proches du documentaires et des films hautement stylisés. Une de mes cinéastes préférés est Agnès Varda, qui m’a appris dans son approche de la réalisation que l’on peut tout faire, tel un caméléon. Comme j’ai eu la chance de tourner en 16mm, j’ai voulu être aussi loyale à cet art que possible. J’adore travailler de mes mains donc j’ai décidé de monter physiquement le film sur un plateau. Ce choix m’a donné la liberté d’expérimenter tout en utilisant des références que j’avais vues dans des films.
L’empowerment de Laura passe aussi par la danse. En tant que chorégraphe, qu’est-ce que la danse vous a permis de raconter ?
La raison pour laquelle j’ai commencé la chorégraphie est pour la magnifique communication qui existe, dans la danse, entre le mouvement et le son. La danse constitue pour moi une autre manière de parler ou de ressentir, comme quand on réalise un film. Pour ce projet, j’ai collaboré avec un incroyable chorégraphe qui s’appelle Dulce Escobedo. Il a soutenu ma vision en trouvant les mouvements, non pas pour la musique, mais pour l’histoire. Dulce a dansé avec l’histoire à l’esprit, et la musique a été créée en s’inspirant de ces pas de danse.