À propos de Blue Sun Palace
par Damien Leblanc
par Damien Leblanc
La relation amoureuse entre un homme et une femme vivant au sein de la communauté chinoise du Queens est frappée par une soudaine disparition, laquelle va cimenter une nouvelle relation inattendue. Ancrant son récit dans un salon de massage où travaillent des émigrées chinoises, Constance Tsang signe un magnifique mélodrame qui explore les sensations liées à l’absence, au déracinement et à l’exil. Portée par un touchant casting où brillent Ke-xi Wu, Lee Kang-sheng (acteur fétiche de Tsai Ming-liang) et Haipeng Xu, cette relecture moderne et personnelle des grandes fictions dédiées au deuil et à la perte émeut par sa profonde et puissante tendresse.
Entretien avec Constance Tsang
C’est un film très personnel parce que mes parents sont ces immigrants du Queens. On vivait à Flushing, où se déroule le film. Quand j’ai commencé à écrire Blue Sun Palace, je savais que je voulais écrire l’histoire de personnages qui étaient loin de leur terre natale, tentant de trouver un sentiment de permanence en Amérique.
Le cadre spécifique du salon de massage m’est venu pendant le Covid, une période pendant laquelle de nombreux crimes de haine contre la population asiatique ont été perpétrés aux États-Unis, comme la fusillade du spa d’Atlanta, ou la mort d’une masseuse à Flushing.
J’aimais tellement ces acteurs et j’ai énormément apprécié travailler avec eux. Dès le début, nous avons parlé des personnages et de l’histoire. En tournage, j’aime avoir un processus très collaboratif. On lisait les scènes ensemble, on cherchait de quoi parle la scène, puis je leur disais de ne prendre que ce qui comptait et de laisser le reste. On lisait, on répétait, on improvisait et on affinait.
Avec mon chef-opérateur Norm Li, on a abordé l’esthétique de deux manières différentes mais toujours dans l’optique que les images servent l’histoire. Je ne voulais pas que le film soit stylisé, mais faire vivre un réalisme qui appuie l’éthique du film. La vie est un mélange de beauté et de tristesse. Toutes les images, les cadres et la composition sont censés exprimer cela.
Je pense souvent aux films d’Hitchcock, donc dans ce film il y a des traces de Psychose et de Sueurs Froides. Il y a d’autres films que j’aime comme L’Avventura, Suzhou River, et d’autres contemporains comme Drive My Car et Un grand voyage vers la nuit, dont la structure même traite d’une absence. Je n’utilise pas ces films tant comme références que comme inspirations pour raconter une histoire de manière différente, ce qui en fait quelque chose de personnel.