À propos de Alazar
par Léo Ortuno
par Léo Ortuno
Un village éthyopien, frappé d’une violente sécheresse. Dans Alazar, les personnages sont perdus dans l’immensité d’un paysage aride, où la nature déréglée les contraint à partir, ou rester dans la souffrance. Beza Hailu Lemma expose les conséquences tangibles du changement climatique dans un espace où les conditions de vie se font de plus en plus difficiles. Quand un événement improbable se produit, le système fragile qui se maintenait jusqu’ici bascule, et la croyance prend le pas sur la rationalité. Entre religions, miracles et malédictions, le cinéaste livre une enquête tenue dans laquelle la quête d'équilibre avec notre environnement demeure un horizon lointain.
Entretien avec Beza Hailu Lemma
Un village éthyopien
“La vie est dure dans la majeure partie de la campagne éthiopienne. La population, une communauté principalement agricole, dépend grandement des récoltes sur leurs terres pour vivre. Si les pluies annuelles n’arrivent pas à temps, il est fort probable qu’il y ait des pénuries ; et si la sécheresse perdure, les habitants doivent choisir entre rester et avoir faim, ou partir vivre dans une grande ville. Le film se déroule dans une ville dans une zone montagneuse au nord de l’Ethiopie. Mais, pour moi, l'histoire ne se passe pas dans un lieu ni à un moment particulier.”
La croyance
“L’Éthiopie est un pays profondément religieux dont une partie importante de la population pratique la religion abrahamique et la religion indigène en même temps. L’idée d’explorer la foi dans ce contexte diamétralement différent m’a toujours fasciné.
Le film aborde de nombreuses perspectives qui représentent les diverses croyances qui existent dans le pays. L’idée selon laquelle l’avenir de l’humanité dépend de la restauration d’un équilibre naturel ou d’une trêve avec ‘Dieu’ existe dans la tradition indigène et le christianisme. Je pense, personnellement, qu’il y a quelque chose de vrai là-dedans. La crise climatique est le résultat de notre incapacité à coexister avec la nature sans la détruire.”
Réaliser Alazar
“La plupart des acteurs sont des amateurs qui n’ont jamais travaillé dans le cinéma. C’est leur premier rôle. Mais le personnage principal est interprété par Surafel Teka, un comédien de théâtre avec beaucoup d’expérience. La production de ce film a été difficile en raison de soucis de sécurité, de logistique, d’équipement et des déconvenues météorologiques. On a réussi à le faire grâce à la résilience de notre équipe artistique et technique, qui ont tout donné malgré les différents problèmes qu’on a affrontés.”
Se perdre dans le paysage
“Je voulais que le paysage joue un rôle important dans ce film, puisqu’il décide du destin des gens qui y vivent. S’il se retourne contre toi, il t’étouffe, c’est pourquoi je le voulais vaste et imposant. Pendant la préparation du film, je me suis retrouvé à revoir beaucoup de westerns américains, ainsi que des films d’Abbas Kiarostami, Terrence Malick et les Frères Coen.”