À propos de Canker

par Thomas Fouet

Si Canker se montre généreux en signes extérieurs de contemporanéité, c'est pour faire, davantage que le tableau d'un temps guetté par l'obsolescence presque sitôt chroniqué, et en cela terriblement émouvant, le portrait – sans fard ni fascination, in fine tendre et sentimental – d'une jeune femme prise dans un flux d'images, comme absente à elle-même et à un instant présent que, faute de savoir le vivre tout à fait, elle médiatise, et à un réel qui, pourtant, n'en finit pas de faire retour.

Entretien avec Lin Tu

“Le film est profondément ancré dans la ville de Chengdu en Chine, une ville jeune, urbaine et palpitante. Dans cette agitation, j’ai trouvé le personnage féminin que j’essayais de dépeindre: elle commence comme influenceuse, mais elle n’influence encore pas grand chose, sa vie est divisée entre les moments où sa caméra est allumée, et quand elle est éteinte: elle vit sa meilleure vie à l’écran mais se retrouve avec un vide infini quand la caméra n’enregistre plus, ses jours sont fragmentés et constamment interrompus par le grouillement de la ville autour d’elle. A sa manière, réservée,  elle cherche comme tout à chacun le sens et le but de sa vie… Pendant ce temps, un ulcère se développe, la ramification naturelle de la cuisine épicée typique au Sichuan.  Une fois que la métaphore m’est venue, je savais que je tenais un moyen de signifier sa lutte intérieure. 

L’état d’esprit lors du tournage était « accueillir l’imprévisible ». Avec une équipe minuscule et une équipe technique qui voulait bien tester des choses, le chef opérateur et moi-même avons pu capturer des moments d’émotions. Le rythme du montage, l’esthétique de collage, les choix musicaux et sonores ont tous pour but de saisir ces sensations de chaos et la solitude, qui sont propres à la protagoniste et universels."

À la Semaine de la Critique

Canker

2022

Court métrage

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